Le trouble de stress post traumatique en milieu de travail : Solutions et soutien

/ Par Homewood Health

Reposé avec la permission de Homewood Santé. Publié initialement sur homewoodhealth.com.

Le trouble de stress post‑traumatique (TSPT) est le plus souvent associé aux métiers de combat et aux fonctions de premiers répondants. Les collègues que vous côtoyez tous les jours ne sont donc pas les premières personnes auxquelles vous pensez lorsqu’il est question de symptômes liés au TSPT. Pour la plupart d’entre nous, un océan entier nous sépare de tout conflit armé. Il est fort possible de se rendre au travail chaque jour, sans jamais être témoin d’un acte criminel ou d’un accident de voiture mortel.

Alors que se passe‑t‑il ou peut-il se passer?

Bien que les recherches aient principalement examiné les combats armés, les agressions sexuelles et autres types d’agressions violentes comme causes du TSPT, le décès soudain et inattendu d’un être cher est souvent la principale cause du TSPT, représentant près d’un tiers de tous les cas de TSPT1. Il ne faut donc pas se fier aux apparences; les traumatismes peuvent se manifester d’une multitude de façons. Il se peut que l’un de vos collègues ait perdu sa mère, son meilleur ami ou son conjoint ou sa conjointe? Ou peut‑être que la personne a perdu autre chose, par exemple un emploi, ou vécu un événement difficile par rapport au travail? L’esprit peut devenir un véritable champ de bataille. Comment peut‑on s’en sortir? Dans cet article, nous examinerons les questions suivantes :

  • Qu’est‑ce que le TSPT et quels en sont les signes et symptômes?
  • Quelles sont les répercussions du TSPT sur la vie professionnelle?
  • Quelles sont les solutions et stratégies de soutien les plus efficaces?

Pour nous aider à faire la lumière sur ces questions, nous avons demandé l’avis éclairé de Mme Sandra Primiano, une psychologue qui agit également à titre de vice‑présidente du Programme d’aide aux employés et à leur famille (PAEF) et du service de consultation psychologique offerts par Homewood Santé.

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Redéfinir le traumatisme

Lorsqu’il est question de professions à risque élevé, nous pensons immédiatement aux militaires et aux premiers répondants comme les policiers, les pompiers et les ambulanciers paramédicaux. Il existe néanmoins de nombreux emplois impliquant des interactions avec le public qui comportent des risques de traumatismes. En effet, les voies de fait ne sont pas rares dans le cadre de professions comme celles de commis‑vendeur, de commis de banque et de chauffeurs de taxi. Le TSPT survient en réponse à l’expérience directe d’un événement extrêmement traumatisant ou stressant, ou au fait d’être témoin d’un tel événement touchant d’autres personnes. La définition du concept de traumatisme a été considérablement élargie depuis son introduction dans le DSM‑III en 1980. En effet, les critères de cette définition ne se limitent désormais plus seulement aux survivants ou aux témoins directs d’un événement constituant un danger de mort. Le commis-vendeur qui apprend qu’un collègue a été victime d’un vol à main armée pendant le quart de nuit peut être considéré comme un survivant du traumatisme au même titre que la victime dont la vie était en danger2. Un diagnostic de TSPT peut donc être établi pour beaucoup plus de personnes que par le passé3.

Prenons l’exemple d’une étude réalisée dans une communauté de Detroit. Soixante pour cent (60 %) des participants ont vécu le décès soudain d’un proche. Plus de 14 % des participants ont souffert d’un TSPT. Le risque conditionnel de TSPT à la suite d’une exposition à un traumatisme, toutes causes confondues, était de 9,2 %. En comparaison, la situation présentant le plus haut risque de TSPT était associée à l’expérience d’une agression physique (20,9 %)4.

Un TSPT est à la santé mentale ce qu’une commotion cérébrale est à la santé physique

La grande majorité des personnes ayant vécu un traumatisme ne souffriront pas du TSPT. Selon les sources, le TPST touche entre 3 et 5 % de la population, et environ 9 % des gens recevront un diagnostic de TSPT au cours de leur vie. Les femmes courent un risque beaucoup plus élevé que les hommes de souffrir d’un TSPT, le rapport étant de deux femmes pour un homme5.

« Quels sont les facteurs qui rendent certaines personnes plus vulnérables que d’autres? Nous savons que l’un de ces facteurs est le fait d’avoir connu une enfance marquée d’expériences négatives, comme la violence (psychologique, physique ou négligence) », déclare Mme Primiano, dont les domaines d’expertise sont les troubles liés au traumatisme et au stress et les troubles anxieux.

Quand on fait de l’exercice, on ressent de la douleur au début, mais le corps se fortifie. Pour le TSPT, c’est l’inverse. Plus on vit de traumatismes, plus on devient vulnérable. Plus on en a vécus, plus on est susceptible d’en vivre encore plus puisque l’on est conditionné à expérimenter le monde d’une certaine manière, et que ces expériences s’accumulent. Aussi lorsqu’on vit des traumatismes précoces, on est beaucoup plus vulnérable aux troubles liés aux traumatismes, au stress et à l’anxiété, puisqu’on est prédisposé à réagir de cette façon face à des déclencheurs ou à des traumatismes similaires.

Pour qu’un diagnostic de TSPT puisse être posé, un certain nombre de critères doivent être remplis pendant au moins un mois. Un tel diagnostic ne se fonde pas uniquement sur la présence de sentiments de tristesse, d’anxiété ou de choc à la suite d’un traumatisme.

La liste des symptômes couvre quatre catégories :

  • Les souvenirs envahissants : ceux-ci peuvent comprendre des souvenirs récurrents, indésirables et bouleversants des événements traumatisants. « La personne revit l’événement traumatisant comme s’il se produisait à ce moment, par des rappels d’images ou des cauchemars. Lorsque quelque chose déclenche le souvenir des événements, la personne peut également vivre des souffrances émotionnelles ou physiques.»
  • L’évitement : Les personnes s’efforcent de ne pas penser aux événements en évitant des endroits, des personnes ou des activités qui rappellent l’événement traumatisant. « Certaines personnes vont également oublier des éléments cruciaux de ces événements. »
  • L’hyperexcitation : Ce type de symptômes comprend l’hypervigilance, les crises de colère, l’irritabilité, l’agressivité et l’impulsivité. « Cet état peut entraîner des comportements autodestructeurs, des difficultés de concentration et une tendance à sursauter facilement. »
  • L’altération des pensées ou de l’humeur : L’auto-réprimande, la peur, la culpabilité ainsi qu’une altération négative des sentiments ressentis à l’égard de soi‑même, d’autrui, et du monde. « Ces personnes vous diront aussi qu’elles ne ressentent plus rien ou qu’elles n’ont plus aucun espoir pour l’avenir. Certaines d’entre elles s’isoleront socialement et perdront l’intérêt de maintenir une vie sociale. Il devient alors difficile d’établir un lien avec les gens. »

Chez certaines personnes, le trouble peut se développer immédiatement après avoir vécu l’événement traumatisant ou en avoir été témoin, tandis que pour d’autres, il faudra plusieurs mois, voire des années, après l’événement pour qu’il se manifeste.

Les répercussions du TSPT sur la vie professionnelle

Un employé qui souffre d’un TSPT aura beaucoup de difficulté à se consacrer à son travail. « Pour l’employé, le simple fait de se rendre sur le lieu de travail ou d’y être présent pourrait constituer un élément déclencheur », affirme Mme Primiano. « Cela devient trop bouleversant ou stressant. Cet employé peut prendre des congés de maladie fréquemment ou ne pas se présenter au travail, sans que personne n’en sache la raison. » Elle ajoute que dans les cas où l’employé parvient à se rendre au travail, ses collègues pourraient remarquer que ce dernier :

  • a du mal à se concentrer ou à se souvenir des tâches qu’il devrait accomplir en raison de son anxiété ou de son hyperexcitation;
  • prend plus de temps qu’auparavant pour effectuer les tâches. La gestion du temps et la planification peuvent poser problème;
  • semble très fatigué. Le TSPT est souvent associé à certains troubles du sommeil, comme l’insomnie, en raison de cauchemars et d’hypervigilance;
  • se présente au travail sous l’influence de substances. En effet, près de la moitié des personnes qui souffrent de TSPT ont recours à la consommation de substances comme mécanisme d’adaptation, et plus d’une sur cinq répond également aux critères de la toxicomanie6;
  • a des excès de colère parce qu’il est irritable et qu’il sursaute facilement, ce qui peut faire en sorte que le collègue amical que vous connaissez puisse rapidement se lancer dans des disputes;
  • a de plus en plus de difficulté à composer avec le stress.

Lorsque les comportements indicateurs énumérés ci‑dessus arrivent passent inaperçus malgré tout, on constatera alors généralement une diminution du rendement professionnel.

Solutions et soutien

Quel type d’aide?

Le fait de discuter de ce que vous ressentez pourrait ne pas suffire. Selon la gravité du TSPT, Mme Primiano recommande de suivre une psychothérapie fondée sur des données probantes, ce qui désigne essentiellement toute thérapie utilisant des techniques cognitives, émotionnelles ou comportementales pour faciliter le traitement de l’expérience traumatisante et dans le cadre de laquelle l’accent sur le traumatisme est un élément central7.

Certains employés se rétablissent d’eux‑mêmes au fil du temps, tandis que ce n’est pas le cas pour d’autres. Il peut être très difficile de retrouver son niveau de fonctionnement antérieur, plus que dans le cas d’épisodes dépressifs ou de troubles paniques, car le TSPT altère réellement la perception de soi, du monde et des autres, y compris de ses collègues.

Mme Primiano ajoute que le pronostic est plus complexe pour les employés qui ont vécu plusieurs événements traumatisants ou qui souffrent d’un TSPT depuis longtemps. « Ce trouble change la personnalité, et la façon dont on pense et interprète les choses. Il est très difficile d’y remédier. »

C’est toutefois possible au moyen de psychothérapies axées sur les traumatismes. Ce type de thérapies est presque trois fois plus efficace que les médicaments pour traiter la gravité d’un TSPT8. Seulement 9 % des personnes atteintes d’un TSPT parviennent à surmonter ce trouble après trois mois sans traitement. Mais grâce aux traitements axés sur le traumatisme, ce chiffre s’élève à entre 42 % et 53 %, selon l’approche employée9.

Mme Primiano conclut en disant qu’avec des soins appropriés, la personne touchée peut réellement espérer revenir à un bon niveau de fonctionnement. Parfois, parler à un professionnel peut aider à retrouver une perspective saine quant à sa capacité de faire face aux conséquences de l’événement traumatique vécu.

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Sources

  1. Breslau Naomi, Kessler Ronald C. et coll., Trauma and posttraumatic stress disorder in the community: The Detroit Area Survey of Trauma (Le traumatisme et le trouble de stress post‑traumatique dans la collectivité : Sondage sur le traumatisme dans la région de Detroit), Archives of General Psychiatry, 1998;55(7);626‑32. Extrait du lien.
  2. (McNally Richard, 2009; McNally Richard et Breslau Naomi, 2008).
  3. (Breslau Naomi et Kessler Ronald C., 2001).
  4. Breslau Naomi, Kessler Ronald C. et coll., Trauma and posttraumatic stress disorder in the community: The Detroit Area Survey of Trauma (Le traumatisme et le trouble de stress post‑traumatique dans la collectivité : Sondage sur le traumatisme dans la région de Detroit), Archives of General Psychiatry, 1998;55(7);626‑32. Extrait du lien.
  5. Site Web de l’American Psychiatric Association. Extrait du lien.
  6. Pietrzak Robert H., Goldstein  Risë B., Southwick  Steven M., Grant Bridget F., Prevalence and Axis I comorbidity of full and partial posttraumatic stress disorder in the United States: Results from Wave 2 of the National Epidemiologic Survey on Alcohol and Related Conditions (Prévalence et comorbidité avec troubles de l’Axe I du trouble de stress post‑traumatique complet ou partiel aux États‑Unis : Résultats de la 2e vague de l’Enquête épidémiologique nationale sur l’alcool et les troubles connexes), Journal of Anxiety Disorders, 2011;25:456–465. doi : 10.1016/j.janxdis.2010.11.010.
  7. Hamblen Jessica L., The 2017 Revised Clinical Practice Guideline for PTSD: Recommendations for Psychotherapy (Lignes directrices de pratique clinique pour le TSPT révisées en 2017 : Recommandations en matière de psychothérapie), National Center of PTSD, U.S. Department for Veterans Affairs.
  8. Watts Bradley V., Schnurr Paula P. et coll., 2013, Meta‑analysis of the efficacy of treatment for post‑traumatic stress disorder (Méta‑analyse de l’efficacité du traitement pour le trouble de stress post‑traumatique), Journal of Clinical Psychiatry, 74(6),e551‑e557. Extrait du lien.
  9. Harik Juliette M., Hamblen Jessica L., Grubbs Kathleen M. et Schnurr Paula P. Will it work for me? A meta‑analysis of loss of PTSD diagnosis after evidence‑based treatment (Cela fonctionnera‑t‑il pour moi? Une méta‑analyse de la disparition du diagnostic de TSPT après un traitement fondé sur des données probantes).
 

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